mer.
03
août
2022
Giovanni da Procida et les Vêpres Siciliennes
Salle/Amphithéâtre/Théâtre de la Manufacture,
Cité du Livre, Le samedi 17 septembre à 20 heures.
Pour son retour à Aix-en-Provence après six ans d’absence, Crozada d’Uei pousse sa prospection de la ‘Croisade des Albigeois’ jusqu’à en franchir les frontières temporelles, géographiques et linguistiques, non tant pour rêver encore à un quelconque ‘Arc Latin’, mais pour tirer le fil rouge-et-or qui relie la diaspora des Troubadours à la revanche de la bataille de Muret (côté catalan) et (côté sicilien) à la renaissance de la littérature tout court.
Pour cela nous tresserons deux récits, l’un médiéval débouchant sur les terribles ‘Vêpres Siciliennes’, l’autre moderne et ô combien actuel, qui relate une enquête, menée par une jeune journaliste en compagnie d’un maître récemment décédé du roman d’espionnage, débouchant sur une fin non moins dramatique.
Le tout associera cette fois-ci le récitatif et le jeu théâtral de six comédien-nes aux mises en musique de deux chanteurs, l’un spécialiste reconnu du répertoire des Troubadours, l’autre grand interprète du répertoire sud-italien et sicilien, rejoints par une cantatrice de l’île spécialiste de la chanson traditionnelle sicilienne.
L'épopée du rayonnement européen de la culture et de la langue des Troubadours d'Oc, comme celle de la civilisation précoce qu'ils (et elles) ont portée, n'est pas éteinte avec les ravages de la Croisade des Albigeois (2009-2029), ni avec le travail de démantèlement de toute une société systématiquement entrepris par l'inquisition (1233-1339).
Pour le savoir et même pour l'éprouver au plus intime, il faut regarder au-delà des frontières actuelles, vers une Europe du Sud dissidente et résistante du XIIIe siècle, qui aspire déjà à une culture sécularisée, non-cléricale. Ainsi, l'art, la culture et la langue des Troubadours ont survécu à l'état de diaspora tout d'abord, chez nos voisins les catalans, mais aussi en Sicile.
Dans cette cinquième partie du spectacle sériel CROZADA D'UEI, l’équipe de l’Entrebescar s'attache, en utilisant toujours davantage les techniques de l'entremêlement - musiques actuelles et modernes, européennes et extra-européennes, jeux de langues, rire et drame, mélange des genres, démultiplication des temps et des lieux - pour mettre en lumière ce lien de filiation directe et trop souvent ignoré entre le trobar d'Oc, et la naissante Scuola Siciliana - cercle de poètes hors pair réunis autour du grand Frédéric II de Sicile et ses fils.
On tiendra ainsi à mettre à jour devant un public général les formes communes et les contenus partagés impossibles à méconnaître de ce transfert culturel, linguistique et culturel massif qui va, en passant par la Toscane, jeter les bases de la 'langue de Si', c’est-à-dire de la langue et de la littérature de l'Italie moderne.
Nous comptons parvenir à faire cela en entremêlant aussi les langues - occitan, catalan, italien, sicilien, français - et leurs productions poétiques étroitement apparentées à cette époque (grands troubadours d'Oc du XIII siècle, poètes Siciliens contemporains, y compris quelques échos du Dolce Stil Novo et de Dante lui-même).
Nous tenterons de rendre ainsi vivant et accessible ce fil transfrontalier rouge et or, patrimoine littéraire, musical et culturel trop souvent resté irrévélé ou maintenu sous le boisseau (car échappant au quadrillage des ‘modernes’ états), en ‘l’entrebesquant’ encore une fois avec un deuxième fil plus popularisant: le récit rocambolesque et tragique d'un manuscrit perdu - celui de ce très peu connu, mais pourtant plus que jamais essentiel 'Ribellimentu di Schicilia' de l’Anonyme de Sicile, qui raconte l'épopée (laquelle ressemble beaucoup au niveau narratif à l'un de nos modernes romans d'espionnage) d'un des derniers avatars de cette culture occitano-catalano-sicilienne, ce Giovanni da Procida dont la haute et sombre figure met en pleine lumière ce en quoi les Vêpres Siciliennes ont en fait pu représenter rien de moins qu’une revenja, une revanche, celle de la bataille de Muret, seulement 69 années plus tard - ce qu'aucun(e) passionné (e) de l'histoire et de la littérature d'Oc ne devrait plus ignorer.
Et, comme à l’accoutumé, nous nous attacherons aussi à mettre en lumière 'l'extrême contemporanéité' de ces événements, dont nous espérerons démontrer que nul ne pourra plus ignorer non plus leur indéniable actualité. Ce spectacle se veut donc à son niveau une contribution à l'histoire vivante et à la reconnaissance sensible de la centralité de la langue et de la littérature d'Oc dans l’histoire européenne, toujours en mouvement.
Mise en Scène : Oliviero Vendraminetto
Direction artistique, texte : Patrick Hutchinson
Théâtre : Cyril Amiot, Tamara Incekara, Sabine Lelandais , Gregory Nardella, Jean-Michel Hernandez, Oliviero Vendraminetto
Musique : Maurice Moncozet (composition, chant, instruments), Arrone Dell’Oro (composition, chant), Maura Guerrera (Chant, percussions)
Costumes : Myrtille Buttner
Vidéo : Noa Fos de Rau, Eric Bremaud
Régie : Albert Pierrat
ven.
01
juil.
2022
Parmi les nombreux apports culturels que la Provence a reçus, il est important de souligner l’apport catalan. De langue commune dans leur formation au VIIe siècle, l’occitan appartient au « gallo-roman », tandis que le catalan s’intercale à côté de l’« ibéro-roman », chacun avec des formes dialectales propres.
« L’occitano-roman » est une communauté linguistique qui se perpétue jusqu’au XIVe siècle et doit ses particularités aux évolutions politiques de ces territoires après la conquête royale française.
Un bloc historique occitano-catalan se constitue qui va de l’Ebre à la Provence.
Mais Pierre II d’Aragon est défait à la bataille de Muret (1213). C’est son neveu Raimond Bérenger V (1209-1245) qui va diriger le comté de Provence. Il va réaliser une œuvre administrative et législative importante qui donne à la Provence une stature d’Etat. Il règne notamment par l’intermédiaire d’administrateurs catalans et fait alliance avec Louis IX, Henri III d’Angleterre, Richard de Cornouailles par les mariages de ses filles.
La langue est commune aux Catalans et aux Provençaux et la cour reçoit les troubadours les plus connus de cet espace politico-culturel.
A sa mort prématurée (40 ans), sa fille héritière, Béatrice, épouse Charles d’Anjou qui prend la succession de la Maison de Catalogne. Elle aura duré un peu moins de 150 ans mais aura scellé une alliance géopolitique avec l’arc méditerranéen. Le drapeau provençal (4 bandes rouges sur fond jaune) est le drapeau catalan.
Pour la petite histoire, le nom Béranger/Bérangier/Béranguer est un patronyme encore bien porté en Provence…