Les 11 et 12 novembre derniers, les délégués du Partit Occitan se réunissaient à l’occasion de son XVème congrès. Le rendez-vous était donné à Nîmes, avec une organisation très bien orchestrée par son militant local, Domenge Salgon. La fédération provençale était bien représentée par sept de ses délégués.
L’ambiance était donc aux retrouvailles après ces deux années de Covid et de réunions à distance, elle était bien dans la continuité des questions posées lors du conseil fédéral de juillet à Rodez, à l’occasion de l’Estivada.
Ce congrès était l’occasion d’évoquer des problèmes d’organisation et de communication, largement amplifiés par la distance et la pandémie ; ils étaient révélateurs d’outils difficilement maniables à l’échelle de l’immensité du territoire occitan et de pratiques à rediscuter ensemble.
Ainsi la communication, interne comme externe, a souvent été au centre des discussions (travail sur le site internet officiel, espace d’échanges internes entre militants et militantes, forme et contenu de la Lettre…). Mais également l’orientation autonomiste de notre organisation qui demande une réflexion collective de mise à jour après des dizaines d’années de militantisme occitaniste politique.
Le congrès a commencé par un mot d’amitié,de remerciement et de solidarité à Gustave Alirol, proposé au poste de Président d’Honneur, suivi par un mot d’introduction d’Anne-Marie Hautant nous appelant à transformer nos atouts en force de conviction et à travailler pour préciser et crédibiliser nos objectifs auprès des citoyens dans cette période de fatigue démocratique et d’« extrême droitisation » des sociétés.
Le vote des bilans a été l’occasion de faire le point à la fois sur l’adaptation du parti à la période de Covid et ses différentes actions sur la période, mais aussi sur la série d’élections auxquelles le parti a participé et son implication au niveau national avec Régions et Peuples Solidaires et international avec l’Alliance Libre Européenne.
Le bilan financier positif a cependant mis en évidence la fragilité des partis politiques tels que le nôtre dans la perspective d’une dissolution de l’Assemblée Nationale.
Sur les questions de fond, plusieurs thèmes ont été abordés à travers les différentes motions. Ainsi les deux motions « Çò que sem » et « Çò que volèm » ont permis d’avoir une discussion sur les fondamentaux du Partit Occitan, ses terrains d’intervention et ses pratiques possibles, ainsi que la nécessité de mieux faire passer nos idées dans la société ; mais également de nous profiler dans la société actuelle, en nous rattachant à tous les niveaux du parti aux causes sociales, environnementales et de solidarités internationales, ce qui est au cœur de notre politique et plus que jamais nécessaire.
La volonté de retrouver des espaces de discussion et de prises de décisions collectifs a également été réaffirmée par le congrès lors du vote sur le renforcement du Conseil Fédéral au sein des instances du parti. Une discussion sur le maintien de la revue Occitania s’est ouverte, en présence deux logiques : une première souhaitant donner la priorité au numérique, la seconde souhaitant garder ce lien politique d’action et de réflexion de près de cinquante ans avec les adhérents et adhérentes actuels.
La décision a été prise de continuer provisoirement un numéro en 2023, puis d’envisager une solution pérenne dont la formule reste à discuter lors de l’Assemblée Générale de l’ADEO sur la continuation, la pluralité des formes d’expression ne s’opposant pas.
Enfin le vote d’un nouveau Conseil Fédéral rassemblant des représentants et représentantes de l’ensemble du territoire occitan, ainsi que d’un nouveau bureau paritaire a conclu ces journées de discussions. Anne-Marie Hautant, Thérèse de Boissezon et David Grosclaude ont été reconduits en tant que Présidente, Trésorière et Secrétaire. Martine Boudet, Joel Encontre, Claire Gago-Chidaine, Gérard Leinaud et Domenge Salgon font désormais partis du bureau en tant que vice-présidents et vice-présidentes.
La fédération provençale est arrivée au congrès avec énormément de questions, tant sur le fonctionnement que sur les axes politiques du parti au fédéral, et nombreuses ont été les questions qui n’ont pas été traitées ou sont restées sans réponse.
Un grand flou reste notamment sur les liens entre le Partit Occitan et les dynamiques régionales de campagnes comme celles organisées autour d’Endavant! ou de Oui la Provence!, formes régionales données à la mobilisation dans le cadre des dernières campagnes.
Beaucoup de travail attend donc le nouveau bureau et le nouveau conseil fédéral pour organiser la vie politique du parti mais surtout recréer des espaces et du temps de discussion sur les sujets de fond, pour enrichir et renforcer le positionnement politique du Partit Occitan sur le territoire comme au niveau national et international.
A cet effet, il a été proposé la création d’un groupe de travail autour des formes pratiques que pourraient prendre une mise à jour d’une stratégie fédéraliste et autonomiste.
C’est à cette condition que le partit occitan pourra se remettre dans une dynamique de travail efficace et restaurer la confiance des militants et militantes. Une volonté de donner suite aux chantiers proposés et ouverts lors de ce congrès nous semble apparaître. Ne la laissons pas se perdre, donnons-lui toute sa chance.
Le renforcement de l’occitanisme politique est à ce prix.
Claire GAGO CHIDAINE