Une semaine après le débat d’orientation budgétaire de la commune d’Orange, c’est au tour de la Communauté de communes du pays réuni d’Orange de parler du budget 2020.
S'inspirant de l’expérience de la Ville d’Orange, le conseil communautaire s’est tenu virtuellement, les élus se connectant depuis chez eux ou depuis leurs bureaux sur une plateforme de téléconférence. Le conseil étant retransmis en direct sur YouTube. Un peu moins d’une trentaine d’internautes a suivi ce conseil qui n’avait que trois points à l’ordre du jour dont le débat d’orientation budgétaire.
Avant de s’exprimer concernant les orientations budgétaires, Anne-Marie Hautant, conseillère d’opposition, a tenu à voter contre la première délibération visant à entériner l’organisation virtuelle de ce conseil. Si elle s’était abstenue lors du conseil municipal, elle aura changé son vote après une expérience qu’elle juge insatisfaisante. « Lorsque nous sommes en conseil municipal en chair, en os et surtout en voix, nous pouvons protester lorsque vous partez dans vos délires », a-t-elle lancé à l’adresse du maire d’Orange et président de la CCPRO, Jacques Bompard.
Quant au rapport d’orientation budgétaire, la conseillère d’opposition jugera qu’il est lui aussi « hors sol ». « Avec cette lecture du rapport, ce qui apparaît de manière criante, c’est l’absence totale de sens donné à l’action publique de cette interco, la non prise en compte de la crise majeure qui est là, bien présente, l’absence de l’humain pour lequel nous sommes quand même censés travailler et l’absence de prise en compte du réchauffement climatique », a-t-elle énuméré.
Rapidement rejointe par l’autre conseiller d’opposition Gilles Laroyenne, qui de son côté se demande qu’est ce qui pourrait être mis en place pour éviter « l’effondrement économique » à venir, comme évoqué dans le rapport. « Qu’est-ce qu’on fait maintenant pour éviter le chaos ? Voilà la question. Vos réponses à ces menaces sont de deux ordres : premièrement vous ralentissez les investissements dans l’immédiat, et deuxièmement, vous poursuivez tout le reste comme si tout allait bientôt pouvoir recommencer comme avant », a-t-il lancé.
« Vouloir planifier la relance économique de demain est de la jobardise »
Avant de laisser la parole au maire, Gilles Laroyenne a tout de même tenu à faire des propositions d’actions à mener comme subventionner la lutte contre la précarité énergétique et pour l’isolation thermique à grande échelle et élaborer un plan décennal pour l’autonomie alimentaire intercommunale.
À tout cela, le président de la CCPRO, Jacques Bompard, répond : « Vouloir planifier la relance économique de demain est de la jobardise. On ne fait pas de prospective parce que c’est impossible à faire. On ne connaît pas le besoin des entreprises du territoire. On nous reproche des reports pléthoriques mais comment on pourrait faire autrement ? Nous sommes confinés, les entreprises ne travaillent plus donc nos investissements sont reportés forcément.
Cette baisse des investissements n’est que transitoire mais nous devons la formaliser administrativement. Ce que vous ne voyez pas, c’est que la cause de la destruction de la vie sur cette planète, c’est la mondialisation. Et ce sont vos amis politiques, M. Laroyenne, qui défendent cette mondialisation. Vous voulez subventionner tous azimuts. Ça, c’est une démarche électoraliste, nous, nous sommes pour une aide utile, programmée et intelligente. »
Une aide aux entreprises jugée insuffisante
La Région Sud a sollicité une participation financière des communes pour son fonds Covid Résistance, permettant aux entreprises d’accéder à un prêt à taux zéro. Les communes de la CCPRO ont participé à hauteur de 92 056 €, soit deux euros par habitant. Une « goutte d’eau » pour Anne-Marie Hautant et Gilles Laroyenne, qui s’attendaient à une somme plus importante pour aider les entreprises du territoire. Claudine Maffre a également souhaité qu’une aide plus importante soit apportée de la part des communes.
« Cette somme est d’autant plus dérisoire que les excédents des budgets généraux de la CCPRO et d’Orange s’élèvent à 27,4 M€ », a glissé Anne-Marie Hautant, alors que Gilles Laroyenne soulignait : « Votre contribution permet certes un effet d’annonce très politicien, mais concrètement, elle n’aura aucun impact économique sur notre territoire », avant de s’interroger sur la possibilité d’aides directes.
« Je me réjouis que nous participions à ce fonds, a de son côté expliqué le maire de Jonquières, Louis Biscarrat. Mais pour la suite, je pense qu’il faut porter une attention particulière aux entreprises locales en les aidant. »
Un point sur lequel s’est accordé le président, Jacques Bompard. « On ne sait pas de quoi notre économie aura besoin et on établit les besoins au jour le jour. Les entreprises vont être achetées par les banques qui vont prêter de l’argent et cela m’inquiète. Est-ce que nous devons participer à cette socialisation des entreprises ? »