Sans surprise, Jacques Bompard, le maire d’Orange, a été élu président de la CCPRO, ce jeudi après-midi. Avec un score sans appel, par 19 voix contre cinq pour Louis Biscarrat, maire de Jonquières.
Dans une salle pleine à craquer et après plusieurs prises de parole, le doyen du conseil communautaire, Gérald Testanière, a présidé la séance. Comme il l’avait d’ailleurs fait en mars 2015 pour l’élection d’Alain Rochebonne. Après trois ans et demi de présidence, il annonçait en fin d’année sa démission. Estimant que l’interco prenait un chemin orangeois « il était de bon sens » que le maire d’Orange en prenne la tête. Un argument qu’il a répété, hier après-midi, lorsque Claudine Maffre lui a demandé d’exposer les raisons d’une telle décision.
« On a mouillé le maillot »
Avant de quitter la séance, après le refus du président de séance de lui redonner la parole, la conseillère communautaire de Jonquières évoquera « un simulacre de vote démocratique. Le nombre de sièges accordés à la ville d’Orange est inconcevable ». La ville centre détenant une majorité absolue, le résultat du vote était couru d’avance. Mais la séance aura donné lieu à quelques prises de paroles musclées… Pas sûr que le vœu formulé par Louis Biscarrat de tirer les leçons du passé et de commencer une nouvelle ère plus apaisée se réalise d’ici la fin du mandat… À l’annonce du résultat, il reconnaîtra : « une candidature pas évidente du tout ». Mais s’il s’est présenté au poste c’est pour faire entendre une autre voix. « Ce qui est sûr c’est qu’on n’a pas la même vision de l’intercommunalité. Le passage d’Alain Rochebonne, c’est le départ de Sorgues et de Bédarrides et 44 % de recettes en moins » a-t-il lancé défendant trois thèmes forts : l’économie, le logement et les transports. Et de préciser : « avec Serge Fidèle, le maire de Caderousse, on n’a jamais fait de cette structure une instance politique. J’ai toujours défendu le bassin de vie d’Orange. On a même mouillé le maillot et on a été viré d’un parti politique… ». Gilles Laroyenne, conseiller communautaire LR à Orange, apportera son soutien à Louis Biscarrat. « La répartition du pouvoir totalement déséquilibrée de notre interco devrait être symboliquement contrebalancée par la présidence d’un maire d’une autre commune qu’Orange » a-t-il avancé. Et d’ajouter : « Je trouverais contradictoire d’élire comme président d’interco un homme qui ne cesse de vilipender l’intercommunalité ». Et d’enfoncer le clou : « l’isolationnisme et l’autoritarisme du maire d’Orange vont nous laisser sur le bord du chemin pour obtenir des subventions nécessaires au développement. Plus que jamais notre interco doit travailler en réseau et être créative en matière de développement économique ».
Alain Rochebonne, le président sortant, a défendu son bilan et insisté sur l’entente avec le maire d’Orange. « Je reste attaché au développement économique. Je me suis battu pour la zone d’activités Grange Blanche 3 à Jonquières ». Et d’accorder tout son soutien au nouveau président.
« CE NE SERA PAS UNE INTERCO TOTALITAIRE »
Jacques Bompard, le maire d’Orange, le reconnaît : il n’est pas un grand partisan de l’intercommunalité. « Je n’en suis pas un chaud partisan parce qu’elles sont régies moins démocratiquement qu’une commune ». Tout en rappelant que c’est l’Etat qui avait imposé à la commune d’Orange de rejoindre la CCPRO en 2014. « Mais il en avait été question longtemps avant. Et cela ne s’est pas fait, parce que le maire de Sorgues de l’époque n’avait pas voulu, il craignait de perdre sa prépondérance. On n’en avait pas fait une maladie… Et lorsque finalement, on entre dans cette intercommunalité, au lieu d’y être accueilli en respectant la proportionnelle des habitants, on nous a donné des strapontins ». La Ville d’Orange mettra la CCPRO au tribunal et obtiendra gain de cause, avec à la clé une nouvelle élection… « Alain Rochebonne a été élu à notre grande satisfaction. Dans le même temps, on discute d’une nouvelle répartition financière entre les communes, et dans laquelle Orange met la main à la poche. On le fait pour être agréable. Et le résultat ? C’est que Sorgues et Bédarrides abandonnent la CCPRO pour des raisons politiciennes. Aujourd’hui, deux communes, Orange et Courthézon, financent plus que les trois autres. On le fait sans pleurer. Leur départ a entraîné cette situation, où Orange est majoritaire. Mais c’est la loi ». Il s’est posé en défenseur d’une interco « où les maires ont toute leur place et où chaque maire reste le patron dans sa commune. Aujourd’hui, cette interco tourne bien. On fait déjà une coopération saine et intelligente et je continuerai dans le même état d’esprit ». Il a annoncé vouloir s’inscrire dans la continuité de l’œuvre de son prédécesseur en « mettant de la polyvalence dans le fonctionnement et en améliorant la qualité de vie de nos communes ». Quant au climat des conseils communautaires, pour Jacques Bompard, il ne tient « qu’à ses participants pour qu’il soit plus serein. Je souhaite que la courtoisie soit la règle et loin de moi que ce soit une interco totalitaire et autoritaire mais ouverte au bien des communes ».
L'info en+
Claude Avril, le maire de Châteauneuf-du-Pape a tenu à réagir à l’issue du vote : « L’interco, c’est de la politique locale et ce sont des missions transférées (comme la gestion des déchets…). C’est un organe technique dans lequel on doit oublier ses convictions politiques. On n’est pas là pour faire de la politique partisane. Et c’est le législateur qui a prévu que les grandes communes soient représentées au prorata du nombre d’habitants. Mais toutes les communes participent au financement, y compris les petites…
Anne-Marie Hautant, conseillère communautaire d’opposition à Orange, n’a pas participé ce jeudi à la séance. « Nous sommes convoqués pour élire le 3e président du mandat. Le résultat, c’est que ce sera un mandat pour rien. Des milliers d’heures perdues, des millions d’euros engloutis et un territoire qui recule » écrit-elle dans un communiqué.