L'élection du nouveau président de la CCPRO aura lieu jeudi après-midi.
Sauf cataclysme, le résultat de l’élection jeudi après-midi du nouveau président de la CCPRO (communauté de communes du pays réuni d’Orange) est connu d’avance. Jacques Bompard, le maire d’Orange, ayant fait connaître sa candidature au lendemain de l’annonce de la décision du président Alain Rochebonne de passer la main. Et compte tenu de la majorité absolue des sièges détenue (14 sur 24) par la commune d’Orange, l’élection est sur le papier jouée.
Le départ de sa directrice générale des services, Cécile Gleyzon,a accéléré la décision d’Alain Rochebonne,qui expliquait en décembre, lors d'une conférence de presse : « Cette intercommunalité devenant plus orangeoise, il est de bon sens que ce soit le maire d’Orange qui en prenne le relais ».
Ce jour-là d’ailleurs, le maire de Jonquières Louis Biscarrat avait laissé planer le doute sur sa candidature. Serait-il candidat ? « Oui, je le suis », répond-il aujourd’hui. Même s’il sait que ses chances d’accéder à la tête de la CCPRO sont quasi inexistantes. « Mais je le fais pour faire entendre une autre voix. Celle des “intercophiles” contre celle des “intercophobes”. Et être intercophile, ça ne veut pas dire qu’on n’est pas “communophile”. Le bloc communal est composé de l’intercommunalité et de la commune ».
Sur les 24 conseillers communautaires, il sait déjà qu’il pourra compter sur les voix des deux élus de l’opposition d’Orange et sur celle du maire de Caderousse. Les deux maires ayant montré des points de divergences avec la gestion actuelle de la CCPRO. « Je pense qu’il y a une autre façon de gérer cette intercommunalité, à la façon d’Alain Milon, de façon plus communautaire. »
“Intercophiles” vs “intercophobes” ?
Alain Milon sera resté président durant 22 ans, de la création de la CCPRO en 1993 à l’élection d’Alain Rochebonne en mars 2015. « Et c’était autre chose qu’aujourd’hui. On avait à l’époque davantage de compétences que le Grand Avignon. Aujourd’hui, on pourrait prendre la compétence transport. Il existe un service de transports en commun sur la ville-centre, on pourrait l’étendre aux autres communes. C’est la même chose pour le logement. On est en train de rédiger un deuxième PLH (programme local de l’habitat) et on va faire l’effort minimal. Si on veut une politique d’emploi dynamique, cela passe par le développement du transport et du logement, mais pas uniquement social. Moi, je crois à l’intercommunalité. Il faut arrêter d’opposer l’interco et la commune. Une interco forte ne veut pas dire une commune faible. Cela ne se gère pas de la même façon, ce n’est pas le même territoire. Et la ville-centre a une responsabilité importante, encore faut-il y croire à cette intercommunalité. Quel est le résultat de la présidence d’Alain Rochebonne ? C’est le départ de Sorgues et Bédarrides et la perte de 44 % de recettes ».
Pour Jacques Bompard, seuls les financeurs de l’interco peuvent être président
Pour sa part, Jacques Bompard pourra compter sur le soutien des maires de Châteauneuf-du-Pape et de Courthézon et de tous les élus communautaires d’Orange. « Il faut rappeler que l’interco est financée par la ville de Courthézon et d’Orange. Nous donnons 900 000 € en plus de ce que nous devons. Il est absolument logique que la présidence revienne aux financeurs de cette structure », glisse le maire d'Orange, qui entend faire en sorte que la CCPRO soit au service des citoyens et non pas des partis politiques.
« Il est vrai qu’avec le maire de Jonquières, nous avons une vision complètement différente de l’intercommunalité. Mais je n’oppose pas la commune et l’interco. Je pense juste que cette structure est mal gérée, comme bien d’autres en France. Elle doit être uniquement au service des citoyens. C’est une structure technique et non pas une structure politique. Et pour le moment, c’est surtout une intercommunalité qui n’est pas finie. » La position de Jacques Bompard est connue de tous depuis longtemps : la CCPRO dans sa forme actuelle ne correspond pas au bassin de vie d’Orange. Il attend les prochaines élections municipales pour espérer agrandir l’intercommunalité jusqu’aux portes de Bollène.
LOUIS BISCARRAT POURRA COMPTER SUR LES VOIX DES DEUX ÉLUS DE L’OPPOSITION D’ORANGE
Gilles Laroyenne, conseiller communautaire LR à Orange, apportera son soutien à Louis Biscarrat. « Je lui ai donné mon pouvoir, même si les dés sont déjà jetés. Il faudrait que cette intercommunalité retrouve un équilibre de pouvoir et qu’elle porte un véritable projet économique. Le jour où l’on n’aura plus d’entreprises, ce ne sera plus la peine de parler de tout le reste. »
Anne-Marie Hautant, conseillère communautaire d’opposition à Orange, apportera également son soutien à Louis Biscarrat, mais ne participera pas à la séance. « On est juste convoqué pour assister à un grand moment de cinéma et on perd assez de temps à ne rien faire. En tout cas, les masques tombent. Cette interco a toujours été gérée par le maire d’Orange. »