Avec sa réforme des collectivités locales, l’Etat entend dépiécer les Régions : suppression de la clause générale de compétencegénérale qui permet d'intervenir dans tous les domaines, remise en cause de la libre administration, perte de l’autonomie fiscale, gel des dotations de l’Etat, etc... Mais les Régions, Provence en tête, ont décidé de ne pas se laisser faire et de contre-attaquer C’est le sens de la résolution adoptée par Le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur en Assemblée Plénière, le 28 juin, { Marseille.
La Région rejette en bloc le projet de réforme territoriale. Le Président, Michel Vauzelle, allant jusqu’{ le qualifier, dans l’hémicycle, de « loi régressive », « de retour à l’Etat colonial ».
Le Conseil Régional, fort du soutien des 18 élus du Groupe "Europe-Ecologie - Les Verts - Partit Occitan", prenant acte du changement de contexte institutionnel et financier et de ses conséquences pour la région ainsi que du gel des crédits décidés par l’Etat dont l’impact est estimé { plus de 66M€ sur les trois prochaines années et près de 170M€ sur cinq ans, a décidé d’envoyer un signal fort à l’Etat : geler à son tour « les financements de 66M€ de projets portés par l’Etat à due proportion des gels de crédits de l’Etat ».
Hors du cadre du Contrat Etat-Région, la Région « n’apportera plus de cofinancements aux projets relevant de la maîtrise d’ouvrage de l’Etat et de ses établissements », cela afin de « garantir les engagements sur les projets de solidarité et de proximité ». Grâce à cette affirmation du Conseil régional, plusieurs projets de l’Etat en Provence, contraires au développement durable, devraient être abandonnés. Le percement d’un deuxième tunnel à Tende dans les Alpes-Maritimes, par exemple, que le Conseil Régional devait cofinancer, fait partie des projets aujourd’hui, très heureusement, remis en question.
Même si l’on se doit de saluer la « rébellion » de la Région face { l’Etat centralisateur, il est regrettable de noter, une fois de plus, les limites de la démarche.Et notamment la frilosité du Président qui a tenu { rappeler qu’il n’était en rien « pour une République Fédérale », qu’il restait « attaché à une France Une et Indivisible » et que l’histoire de la France n’était pas celle de l’Espagne ou de l’Allemagne.
Pourtant pour ressourcer la République nous devons construire, au quotidien, un vrai pouvoir politique régional, participatif et citoyen.Une Provence forte socialement, économiquement, culturellement permettra de mieux rééquilibrer l'Europe au Sud. C'est tout le sens la démarche occitane de l'Arc latin et de la solidarité Euro-Méditerannéenne!
Si nous voulons, comme l'a pourtant rappelé M. Vauzelle, que la Région "mette en oeuvre des politiques publiques adaptées aux spécificités du territoire et aux besoins de ses habitants", autrement dit des politiques différenciées pour répondre aux besoins régionaux nous aurons aussi besoin d'outils spécifiques pour mener à bien ces politiques adaptées à des territoires particuliers.
C’est le principe de base du fédéralisme différencié. Toute le contraire en somme du centralisme jacobin et d’une France « Une et indivisible ».
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